Après deux ans de Fashion Week digitale, Paris renoue avec les podiums pour présenter les créations haute couture des maisons les plus prestigieuses du monde de la mode. Si certaines ont préféré rester sur un format vidéo, en raison des conditions sanitaires trop contraignantes, la plupart ont souhaité les braver afin de proposer de réels shows. Journalistes et clientes ont ainsi pu retrouver l’effervescence de la semaine de la mode parisienne durant quatre jours.
By Fred on 31/01/2022
Durant les deux premières journées, on retrouve :
Schiaparelli qui a proposé un des défilés les plus remarqués de la saison. En seulement deux ans, Daniel Roseberry a réussi à remettre le nom dans la liste des marques les plus prisées. Son travail de recherche sur l’ADN de la griffe et sa réinterprétation ont fait de ses créations un must have devenu incontournable.
Présentée au Petit Palais, devant une poignée d’happy few, la nouvelle collection, composée de 32 silhouettes, se décline dans une palette chromatique réduite, noire et blanche permettant de mettre en lumière l’or, couleur fétiche de Schiaparelli. Haute Couture oblige, les détails dorés sont ici réalisés avec des feuilles d’or 24 carats.
Comme à l’accoutumée, le directeur artistique pare ses tenues de nombreux accessoires. Sur certaines tenues, les bijoux ne sont plus de simples accessoires, mais de réelles parures de corps transformant la femme en œuvre d’art.
Dior, qui fait partie des rares maisons à toujours proposer des shows, même si ces derniers ont été organisés à huis clos durant les fortes périodes de la pandémie, a retrouvé l’enceinte du Musée Rodin pour présenter la nouvelle collection imaginée par Maria Grazia Chiuri.
Dans la continuité du style instauré par la directrice artistique depuis son arrivée, les tenues sont un hommage au travail de Monsieur Dior et au savoir-faire des ateliers de la maison. Sans ateliers, la haute couture n’existerait pas. C’est pourquoi Maria Gazia propose une mise en lumière sur le travail des petites mains qui réalisent les tenues et surtout les broderies spectaculaires, que seule la main est capable de réaliser. Ainsi, en plus des tenues sobres signatures de la créatrice, se mêlent à des robes enrichies de broderies spectaculaires, à des justaucorps entièrement parés de pampilles de jais et collants ornementés de brillants.
Une fois de plus, Maria Grazia Chiuri réussit le pari de mixer la simplicité à la richesse des broderies.
La nouvelle collection Azzaro Couture par Olivier Theyskens s’appuie sur la passion de Loris Azzaro pour la lumière et les matières brillantes pour imaginer un nouveau vestiaire plus contemporain. Le directeur artistique propose ainsi un dressing androgyne et fluide, loin des codes classiques de la couture.
Le tailleur pantalon, pièce maîtresse de la collection, se porte aussi bien au féminin qu’au masculin. Déclinés dans des matières aux textures veloutées et techniques iridescentes, ces ensembles de jour et de soir sont proposés dans des coupes décontractées genderfluid aux volumes oversize et aux épaules amples. La haute couture ne connaissant pas l’impossible, ces tailleurs s’enrichissent pour la nuit de pluie de cristaux ou de sequins XXL.
Pour les inconditionnelles des robes, le styliste propose une série de pièces tout en fluidité dans laquelle les broderies viennent parer les épaules, les poignets ou les décolletés dans un jeu de paradoxe en légèreté et rigueur.
Avec Olivier Theyskens, Azzaro conserve sa place de Maison de couture en phase avec son temps
Alexis Mabille traduit son envie de soirées et de fêtes avec une collection 100% destinée aux tenues du soir. Déclinées dans une tonalité de nude, blanc, or, argent et noir, les tenues célèbrent le corps de la femme. Jeune, sexy et chic la silhouette Mabille est immédiatement reconnaissable dans cette collection qui reprend tous les codes de la maison, qui cette saison se parent d’une nouvelle énergie plus désinvolte. Ainsi Alexis propose des tenues couture à porter aussi facilement que des pièces de prêt-à-porter. À l’image de robes tuniques ou t-shirt, de combinaisons en dentelle tout droit sorties de l’univers de la lingerie, ou encore de grandes robes vaporeuses. La simplicité de ces pièces est contrebalancée par des tenues richement brodées à l’image des robes en maille extensible strassée, des combinaisons en dentelles rebrodées ou ceinturées de rangs de perles ou encore un top réalisé avec 1500 papillons argent et or cousus individuellement.
Pour Stéphane Rolland revenir au défilé était une nécessité. C’est avec un plaisir non dissimulé qu’il a donné rendez-vous à 450 invités au Théâtre de Chaillot pour présenter une collection à la fois sculpturale et légère. Habituellement adepte des volumes massifs, il privilégie cette saison la légèreté de la mousseline. Au milieu de l’immense podium, les mannequins semblent être transportées en apesanteur par une douce brise faisant voler les riches étoffes autour d’elles. Les volumes plus généreux sont également portés par des mouvements aériens. En contraste, le couturier amoureux des bijoux, propose une accessoirisassion composée de pierres XXL.
Alexandre Vauthier a révolutionné le monde de la haute couture depuis son intronisation en tant que Grand Couturier. Loin des standards classiques des autres maisons, il a imposé son style ultra féminin et contemporain à une nouvelle génération de clientes souhaitant s’habiller en haute couture sans pour autant ressembler à leurs mères. Comme Thierry Mugler en son temps, Alexandre Vauthier qui a exercé à ses côtés à ses débuts, revisite à chacune de ses collections l’hypersexualisation de la mode féminine. Sans déroger à cette ligne de conduite, il s’exerce cette saison dans la coupe oversize en retravaillant le costume féminin/masculin. Célèbre pour ses robes sexy, il propose un large panel dans lequel on retrouve des clins d’œil aux années 20, à l’art déco, aux années 80, des périodes charnières de la mode féminines. En fidèle amoureux des jambes des femmes, la collection donne la part belle aux micro-robes et aux robes body.
Pour clôturer cette deuxième journée, la Maison On Aura Tout Vu a donné rendez-vous au Paradis Latin pour présenter une collection de 60 modèles qui fera date dans l’histoire de la marque. Baptisée Superheroes, la collection rend hommage aux femmes et aux hommes qui se battent contre la pandémie de la Covid-19. Après deux ans d’absence des podiums parisiens, les deux designers, Yassen Samouilov et Livia Stoianova, ont souhaité proposer un réel show couture entremêlant mannequins et danseurs dans une chorégraphie imaginée par Kamel Ouali.
Depuis sa création, la maison revendique sa différence en abordant ou en dénonçant des sujets de sociétés qu’elle réinterprète de façon décalée. Cette saison ne fait donc pas exception à la règle avec une réinterprétation des costumes des super héros. Ces derniers sont appliqués sur des robes ou des bobysuits couture, afin de sculpter les corps à la manière des trompes l’œil. Les broderies entièrement réalisées à la main, forme des carapaces sur les manteaux et les robes à l’image de protections luxueuses. Des applications or et argent parsèment les tissus d’exception, parmi lesquels on retrouve des soies et des jacquards réalisés en exclusivité pour la maison par les tisserands de la région de Tango au Japon. Deux pièces en cuir de Kobé viennent également enrichir la collection et sceller une amitié franco-japonaise commencée depuis plusieurs années. Fidèles également à la création française, les dentelles de caudry sont largement mises à l’honneur dans des robes et combinaisons dévoilant les corps avec raffinement.
Si le cristal, signature de la maison, parsème la collection, le métallisé prend le pas dans une sélection de robes de vestales modernes et sexy. Déclinées dans des tonalités dorées, argentées et noires vernies ces robes dévoilent avec subtilité le corps de celles qui les portent et démontre du super pouvoir de séduction de la femme.
Si la collection se focalise sur les vêtements et très peu sur les accessoires, il était impossible de passer à côté de trois sacs bijoux or, issus d’une nouvelle collaboration de la maison avec LELO. Ces véritables boîtes à secrets pour plaisir intime seront vendues aux enchères très prochainement.
Découvrez les shows des deux derniers jours de la Paris Fashion-Week Haute Couture dans Fashion-Spider https://www.fashion-spider.com/
Frédéric Blanc